Raoul Ernest Joseph Dufy est un peintre, dessinateur, graveur, illustrateur de livres, céramiste, créateur de tissus, de tapisseries, de mobilier et décorateur d'intérieur.

Raoul Dufy est né le 3 juin 1877 au Havre, en France.

A partir de 1893, il suivra des cours du soir de Charles Lhuillier à l'École municipale des beaux-arts du Havre où il rencontrera Raimond Lecourt, René de Saint-Delis et Othon Friesz. En 1900, grâce à une bourse, il entre à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, à l'atelier Léon Bonnat.

Sa première exposition aura lieu au Salon des artistes français de 1901 suivie d'une autre exposition au Salon des indépendants en 1903. De 1903 à 1904 puis de 1906 à 1907, Raoul Dufy séjournera à Martigues en Provence. Il y peindra une série de paysages représentant la ville et ses canaux.

Il sera influencé par le fauvisme et, plus particulièrement, par les tableaux de Matisse exposés au Salon d'automne de 1905 avant de prendre conscience de l'importance capitale de Paul Cézanne quelques années plus tard. Il abandonnera lors le fauvisme et s'orientera sur l'exécution d'études d'arbres, de chevaux, de modèles en atelier, de natures mortes.

Il séjournera dans la Villa Médicis à Orgeville, un lieu accueillant des peintres dépourvus de ressources, où il cotoiera d'autres artistes dont André Lhote et Jean Marchand. En leur compagnie, il s'oriente vers des constructions influencées par les débuts du cubisme de Georges Braque et Pablo Picasso.

En 1911, il sera appelé par le grand couturier Paul Poiret qui a été impressionné par ses gravures réalisées quelques années auparavant pour le livre "Bestiaire" d'Apollinaire. Il se lance alors dans la création de motifs pour le tissu de mode et de décoration dont l'impression sera réalisée à l'aide de tampons de bois gravés. Rencontrant un certain succès, il créera une petite entreprise de décoration et d'impression de tissus, de tentures et d'étoffes. Le succès attire la maison de soieries lyonnaises Bianchini-Férier qui l'engage afin de créer d'innombrables motifs d'après ses thèmes favoris : naïades, animaux, oiseaux, fleurs, papillons, etc.

Il devient en 1917 le conservateur adjoint au musée de la Bibliothèque-Musée de la Guerre, devenue la BDIC et aujourd'hui La Contemporaine à Nanterre. Il s'efforce à enrichir les collections du musée de la Grande Guerre, aujourd'hui Musée d'histoire contemporaine, par des achats d'oeuvres de qualité, témoins de la création d'artistes mobilisés ou en mission lors de la Première Guerre Mondiale. Il démissionne en 1918 pour des raisons de santé.

Les couleurs de ses tableaux deviennent plus vives et son dessin plus baroque dès 1919. Sa peinture évolue alors vers un chromatisme éclatant de lumière. Suit une période de réalisation de lithographies pour "les Madrigaux" de Mallarmé en 1920 et pour "Le Poète assassiné" de Guillaume Apollinaire ainsi que des décors et des costumes pour la pièce de théâtre "le Bœuf sur le Toit" de Jean Cocteau.

Il fera de plus en plus d'aquarelles dès 1922 et commence à travailler la céramique à partir de 1923 avec le céramiste catalan Artigas, collaboration qui débouchera sur la réalisation de plus de deux cents pièces dont le célèbre vase aux baigneuses et aux cygnes visibles au Musée d'Art Moderne André Malraux (MuMa) au Havre.

Il séjournera à Nice, de 1925 à 1929 avec son épouse niçoise. Il se rendra régulièrement à Saint-Tropez où il peindra l'Hôtel Sube (1926) et des dessins à l'encre dont Le port de Saint-Tropez et la Statue du Bailli de Suffren. En observant la vie, il va commencer à dissocier les couleurs et le dessin en y ajoutant de larges bandes de couleurs, généralement au nombre de trois, horizontales ou verticales, ou de larges taches colorées. Durant cette période, il exécutera des cartons pour des tissus d’ameublement réalisés en tapisserie par la Manufacture de Beauvais sur le thème de Paris.

Aidé par son frère Jean Dufy, il réalisera la plus grande peinture existante au monde, la "Fée Électricité" de 624 m2, pour le pavillon de l'Électricité de l’Exposition universelle de 1937. Sa gigantesque oeuvre est aujourd'hui exposée au Musée d'Art Moderne de Paris. Elle sera suivie par une autre réalisation grand format exécuté, le triptyque "Le Cours de la Seine", exposée au Musée des Beaux-Arts de Rouen.

On diagnostique en 1937 à Raoul Dufy une maladie douloureuse et invalidante : la polyarthrite rhumatoïde. Il est nommé membre du jury du prix Carnegie à Pittsburgh. Malgré la maladie, il continue de créer. Une année plus tard, il réalisera les aquarelles des châteaux de la Loire et de Venise dont des nombreuses vues de la ville et de la lagune. Il continuera à réaliser de très grands panneaux "La Seine de Paris à la Mer" pour le palais de Chaillot.

Il va se réfugier dans le sud de la France au début des années 1940 où il peindra des cartons pour les grandes tapisseries Collioure et Le Bel Été. Raoul Dufy excelle aussi dans la composition de décors et costumes de théâtre pour la Comédie-Française. Dans ses tableaux, il abandonne progressivement les larges bandes de couleurs pour une teinte d’ensemble dominante.

Raoul Dufy illustrera "Les Nourritures terrestres" d’André Gide en 1949 suivi de "L’Herbier" de Colette en 1950. Il continuera à peindre des suites de tableaux sur des thèmes dont les plus célèbres sont les "Ateliers", les "Orchestres", les "Dépiquages" et les "Régates". Il est alors élevé au grade de commandeur dans l’ordre national de la Légion d'honneur.

En 1952, le musée d'Art et d'Histoire de Genève regroupe 261 œuvres ainsi que des céramiques, tapisseries, livres faisant honneur au travail de l'artiste. Dans le même temps, 41 œuvres sont envoyées par la France à la Biennale de Venise où il remportera le prix de peinture. Raoul Dufy offrira le prix financier à un peintre italien et à Charles Lapicque.

Raoul Dufy s’installera à Forcalquier dans les Alpes-de-Haute-Provence. Il y décédera le 23 mars 1953.